À seulement 5 ans, Nathalie se voyait déjà sur scène. Rêvant de magie, de strass et de public. Médaillée d’or du conservatoire supérieur, elle valide son diplôme d’état de professeur de danse classique et de jazz. Quatre ans plus tard, elle rejoint Paris. Danseuse pour la célèbre comédie musicale Émilie Jolie, Nathalie réalise l’expérience qui marquera sa vie à tout jamais à bord d’un prestigieux navire de croisière. C’est cette expérience qui la mènera à son métier de chorégraphe.
Pour toi, c’est quoi une bonne chorégraphe ?
Je n’ai jamais aimé qu’on me dise quel mouvement faire. Je ne suis pas un robot, j’ai envie d’interpréter comme je le sens, comme je suis. Aujourd’hui, ce raisonnement m’aide à voir l’énergie qui correspond le mieux à mon élève. Je crée pour mon client ou pour mon public. Si j’ai une chorégraphie à faire pour des futurs mariés, je vais chercher leur personnalité, leur histoire, leur passion et m’adapter à eux. Tout l’art de ce métier se trouve dans la subtilité. Il faut savoir imposer ce qu’on veut sous forme inconsciemment pour lever les blocages, les barrières psychologiques. Je sais amener les gens à réussir ce qu’ils pensent ne pas savoir faire. Tu peux être un très bon danseur ou un très bon professeur, tu n’es pas forcément chorégraphe. C’est un métier à part entière qui requiert des capacités techniques, pédagogiques et surtout humaines. Quand tu chorégraphies Miss Nouvelle-Calédonie, que tu as ton produit et que le producteur t’annonce qu’il a des besoins au niveau technique que tu n’avais pas envisagé, tu dois t’adapter.
Raconte-nous ce qu’une chorégraphe d’un tel talent fait en Nouvelle-Calédonie ?
Après un an sur le Diamant, j’ai débarqué le même jour que le commandant en second, qui est devenu le père de mes deux enfants. Ce jour-là, j’ai décidé de prendre ma retraite de danseuse. Mon corps a mal. Notre idylle se poursuit à Nouméa lorsqu’il s’y voit offrir un poste.
Qu’est-ce que tu dirais aux personnes qui craignent de se jeter à l’eau
La danse, c’est la vie. Tout le monde est capable de ressentir un rythme, un battement, quelque chose qui fait que ça devient une musique, un mouvement parce que la vie est un mouvement : c’est le mouvement de ton cœur, de ton flux sanguin et de ton air. Et le mouvement, c’est de la danse. Je ne veux pas entendre « je ne sais pas danser ». Si je l’entends, mon «bip défi» se met en route. Je ne pourrais pas laisser quelqu’un qui pense ça. Je vis un bonheur tellement intense quand je danse et quand je transmets que je ne peux pas le garder pour moi, je dois le partager. Il suffit juste de trouver chez toi ce qui va te faire danser. Je ne sais pas danser la salsa. Et pourtant ça ne fait pas de moi quelqu’un qui ne sait pas danser. D’ailleurs, je prends toujours des cours de danse. Pour explorer d’autres techniques, pour découvrir d’autres choses, partager avec d’autres danseurs. Un écrivain ne s’empêche pas de lire d’autres œuvres que les siennes. Pour une chorégraphe, c’est pareil.
Décollage imminent du 16 au 19 juin 2022 au Centre d’art Théâtre de poche
Ce que tu préfères dans ton métier de chorégraphe ?
Travailler avec des amateurs et les amener là où ils ne s’imaginent pas aller. Je viens de terminer l’ambitieuse mission de faire danser 350 bureaucrates. Je les ai vu fiers d’avoir réussi alors qu’ils étaient, au départ, incapables de s’imaginer sur scène. Ils ont fait la démarche de me suivre, et pour moi, c’est fantastique.
Chorégraphe, coach de fitness, entre les deux ton cœur balance ?
J’ai décroché un emploi à l’accueil d’une salle de sport. Au vu de mon C.V., le gérant me propose de me tourner vers des activités comme le Pilates, le Tai Chi, et les cours LESMILLS. Je retrouve des sensations, c’est le déclic. Je me suis formée et certifiée LESMILLS et ZUMBA. Grâce au fitness, j’ai récupéré de la tonicité et de la confiance en moi. Il m’a permis d’avoir une seconde vie de danseuse. Je me lance à nouveau dans l’aventure et crée ma troupe de cancan : les hollygood girls, un groupe 100 % féminin. Puis à l’arrivée d’hommes au sein de la troupe les that’s holygood. Nous avons collaboré avec une scénariste dans l’élaboration de comédies musicales, notamment pour Miss Nouvelle-Calédonie. That’s holygood est alors devenu Show time. Aujourd’hui, la troupe a 10 dates, 12 spectacles et une costumerie. Mais je continue toujours à donner des cours en parallèle !
Comment une chorégraphe vit-elle la pandémie ?
Elle s’adapte. À l’image du caméléon que je suis, j’ai créé mon site internet pour digitaliser mon activité. Les 12 spectacles de Show time sont répertoriés. Mais on retrouve aussi les chorégraphies que je propose pour les particuliers, les mariages, les enterrements de vie de jeunes filles, etc. Je propose également un programme vidéo de 10 min de Pilates, de yoga, de fitness. Je souhaite proposer à mes clients un peu de chaque discipline, indissociable pour moi. Le corps doit s’habituer et aborder des mouvements différents pour vraiment se déverrouiller. Mais surtout, j’ai réfléchi à une nouvelle comédie musicale inspirée du rêve des Calédoniens en ce moment : voyager.
Intitulée « décollage imminent », cette comédie musicale propose au public d’être passager d’un avion. Rendez-vous au théâtre de poche du 16 au 19 juin pour en savoir plus !
Site internet : nathaliemuller.nc
Facebook : nathalie Muller Chorégraphe
Tel : 76.42.57
Adresse électronique : [email protected]