Betty Levanque, symbole de résilience et pilier communautaire en Nouvelle-Calédonie, incarne un esprit inébranlable face à l’adversité. Chaque épreuve est transformée en une mission de vie. Par cette détermination, Betty enrichit non seulement l’existence de ses enfants, mais impulse aussi un élan vital au sein de sa communauté.
Aux origines de la résilience
Quand nous avons demandé à Betty qui elle était, sa réponse fut spontanée : “Je suis une maman. Mais pas une maman poule. Une maman qui a élevé ses enfants en leur expliquant qu’elle pouvait disparaître du jour au lendemain.”
Cette force de caractère trouve ses racines dans les défis qu’elle a rencontrés dès son plus jeune âge. Brillante, elle valide son hypokhâgne avec l’ambition d’obtenir son agrégation en histoire moderne. Mais son destin prend un tournant abrupt lorsqu’elle doit interrompre ses études et manque son entrée aux khâgnes pour s’occuper de son père, atteint d’une leucémie. Un combat douloureux, qui s’arrêtera brutalement deux ans plus tard juste avant leur retour à Nouméa.
Après cette perte déchirante et cette épreuve qu’elle a vécue comme un traumatisme, elle accueille son premier enfant en 1988. Un enfant prématuré diagnostiqué à l’âge de 14 mois, handicapé moteur. Un choc qui lui fait prendre conscience de la chance qu’ils ont, malgré tout. Dans le monde, certains enfants manquent de nourriture. D’autres sont aveugles. D’autres vivent sous les bombes. Cette pensée est une révélation pour Betty qui décide d’adopter un comportement aidant pour son fils : celui de la résilience et du combat qu’elle était désormais prête à mener pour ses enfants.
“Le combat, il est envers vous-même. La vie est un combat. Nous n’avons pas d’autres choix que de tirer les autres vers le haut. Je voulais tirer mon fils vers le haut.”
Mais pas que, puisque Betty est l’heureuse maman de Guillaume-Henry, 36 ans et de Natacha, 30 ans, qu’elle considère aujourd’hui comme le seul vrai succès de sa vie : celui d’avoir réussi à les élever avec les valeurs de l’amour, du travail, du devoir, du mérite, du respect et du partage.
Une carrière au service des autres
Professionnellement, c’est une carrière singulière qui l’attend. Elle entame une carrière en tant qu’institutrice remplaçante. Mais la complexité des défis sociaux de ses élèves la pousse à changer de direction. Elle intègre alors le secteur bancaire, comme guichetière, avant de passer son brevet bancaire puis son diplôme universitaire générale de droit qui la conduiront au poste de cheffe d’agence à tout juste 23 ans. Un poste qu’elle mène de front tout en jonglant avec les défis de la maternité et les soins de son fils handicapé, sans jamais hésiter à s’opposer aux injustices.
“Je ne suis pas féministe. Mais à compétences égales, je préfère qu’on s’attarde sur celles des femmes.”
En 1994, Betty reprend la gestion de la Rose de Corail, une prestigieuse boutique d’art de la table à Nouméa. Dix ans plus tard, elle décide de retourner à l’université pour étudier le droit et obtient un diplôme d’anglais à l’Université de Londres à Paris. Elle rédige d’ailleurs un mémoire sur la diplomatie néo-calédonienne. Un projet empreint de son désir de contribuer à la politique extérieure de son territoire, conformément aux Accords de Nouméa.
Elle consacre énormément d’énergie à promouvoir la Nouvelle-Calédonie sur la scène internationale, notamment par son engagement avec l’Institut des Hautes Études de Défense nationale (IHEDN) à Tahiti, en faveur de l’inscription de la Nouvelle-Calédonie dans la liste des régions. Une session qui verra le jour pour la première fois en 2007.
La même année, elle fait face à une série de refus professionnels, ce qui la conduit à se réinventer une fois de plus en créant son agence immobilière, spécialisée dans la vente de biens australiens.
“Non, ce n’est pas une réponse si elle n’est pas justifiée”
En 2017, elle préside l’APESA Nouvelle-Calédonie, une antenne de l’association française qui offre un soutien psychologique aux entrepreneurs en crise. Un engagement social quotidien qui se renforce quand elle fonde avec 9 autres bénévoles, la Banque Alimentaire de Nouvelle-Calédonie en 2018, après avoir été confrontée à la précarité d’un orphelinat au Vietnam, 2 ans plus tôt. Ce projet, démarré avec peu de moyens, s’inscrit dans une volonté de lutter contre la faim et d’aider les plus vulnérables. Une cause qu’elle continue d’étendre avec la création du café solidaire en 2023.
En 2024, elle reçoit les insignes de la réserve citoyenne de la gendarmerie. Un nouveau chapitre s’ouvre cette fois, dans son engagement civique comme le symbole de sa volonté de servir la communauté en facilitant la communication et le respect mutuel entre les forces de l’ordre et la société civile.
À travers ces multiples activités, Betty Levanque incarne la résilience, la générosité, et l’innovation. Ses actions continuent d’inspirer et témoignent de son inébranlable volonté à faire face aux défis avec courage et intégrité. Aujourd’hui, elle continue de mettre son énergie au service des autres et prouve à elle seule que derrière chaque épreuve peut naître une force inébranlable pour le bien commun.
© Delphine Mayeur pour FTV & Eric Bua