Olivier de Larue Dargère

Directeur artistique, fondateur et directeur du prestigieux magazine Soon, Olivier de Larue Dargère a posé ses valises en Nouvelle-Calédonie pour quelque temps. L’occasion de rencontrer cet autodidacte passionné d’images pour évoquer son parcours professionnel et parler mode, art, lifestyle.

Une tête de poulet dorée sur laquelle est posée des lunettes de soleil, des sucettes en sucre qui servent de présentoir pour des montres, une émeraude qui cache l’oeil d’un mannequin… Des campagnes décalées qui témoignent de la créativité et de l’imagination d’Olivier de Larue Dargère. Une créativité sans limite qui le pousse à transcender les codes presque tout naturellement. Une personnalité qui n’a jamais planifié son avenir professionnel. « Tout a été question de rencontres sur mon chemin, des rencontres qui m’ont nourri, qui m’ont apporté beaucoup sans que je ne les provoque », souligne Olivier de Larue Dargère.

Autodidacte

Le fondateur du magazine Soon est un autodidacte. Il quitte la scolarité à 15 ans, préférant l’école de la vie et s’inscrit dans une école de photographie à Paris « par hasard, même si le hasard n’existe pas », précise-t-il. Déjà décalé, l’étudiant Olivier de Larue Dargère est le seul à se passionner pour le flou qui pourrait se rapprocher de l’abstrait. « J’aime créer une image qui ne situe pas dans la réalité humaine. » À 18 ans, premier job au sein d’une société spécialisée dans la recherche photographique, dans la fabrication de process et du développement. Il y reste un an avant de créer son labo et de se lancer dans la direction artistique.

« La recherche m’intéresse beaucoup. Je fabriquais moi-même mes chimies. J’étais hors-norme. Je poussais les couleurs, du jaune, du vert, du sien, j’allais encore vers le flou. J’ai amené un concept qui a plu aux grands photographes de mode. L’accident dans la création, c’est incroyable ! » Avec l’arrivée du numérique, Olivier de Larue Dargère se tourne vers l’imprimerie pour comprendre le fonctionnement de ce métier, tout en conservant son labo. « Je passais des jours et des nuits avec l’odeur de l’encre, du papier. C’était un endroit magique. Je réalisais des livres pour des peintres, des magazines en tant que directeur de fabrication et directeur artistique, tout en étant également directeur artistique sur des shootings.»

« Les rencontres me nourrissent. »

Soon, un ovni

Un jour un ami qui organise des salons d’art contemporain en Chine propose à Olivier de Larue Dargère de l’accompagner. Sur place, au cours d’une soirée, cet ami a l’idée de créer un magazine entre la France et la Chine. « Très enthousiaste sur le moment, je me demande dans quoi je m’embarque. Le lendemain matin, mon ami me dit, j’ai trouvé le nom du magazine : Soon ! Je ne pouvais plus reculer. »

Tout s’enchaîne rapidement. Né en 2005, Soon se veut un magazine de luxe décalé, pas comme les autres, qui parle de mode, de beauté, de joaillerie, d’art, de lifestyle. « Je me suis fait d’abord plaisir, ce n’est pas de l’égoïsme que de dire cela. Réaliser un magazine qui vous correspond et qui ne correspond pas aux autres magazine, c’est l’essentiel selon moi, avec des images léchées qui sortent de l’ordinaire, des articles pointus, une recherche du beau ».

Des lancements de numéro incroyables également comme au Grand Palais ou devant le parvis de la pyramide du Louvre. C’est une aventure formidable faite encore de rencontres car rien n’a été planifié, de gens passionnés que ce soit dans la mode, dans l’art, dans l’écriture, la photo. 

Cet ovni dans le paysage médiatique s’est fait remarquer par son format singulier, la richesse de ses contenus et ses étonnantes séquences de photos de mode à tel point que la maison Vuitton désire le proposer dans sa librairie au bout du second numéro. « Une médiatisation qui a permis de faire de belles rencontres et de donner au magazine une superbe visibilité. Les annonceurs dans le secteur du luxe tombent, des stars posent pour le magazine sans jamais demander une rémunération, juste pour l’image, Naomi Campbell, Monica Bellucci, des grands photographes collaborent, Karl Lagerfeld notamment, des journalistes pointus.

Consultant et directeur de création, Olivier de Larue Dargère collabore avec les plus grandes marques de luxe : Chanel, Dior, Louis Vuitton, Cartier, Jean-Paul Gaultier, Largerfeld, Versace, Hermes, Van Cleef & Arpels, Boucheron, Harry Winston, Chaumet, Bvlgari, Jaeger-Le Coultre, Audemars Piguet, Rolex, Givenchy… La liste est longue ! Il a participé à des campagnes qui ont été publiées dans Vogue, Paris-Match, Marie-Claire artistique. Une partie de son travail artistique a d’ailleurs fait l’objet en 2018 d’une exposition par Canon.

Rencontre avec Mireille Darc

Il y a sept ans, Olivier de Larue Dargère croise le chemin de Mireille Darc à la Closerie des Lilas à Paris. « C’est une amie, Catherine Enjolet, qui me l’a présentée. Je ne savais pas quoi lui dire et c’est elle qui a parlé, en me révélant qu’elle avait tous les numéros de Soon, et m’a donné son numéro pour que l’on se donne rendez-vous. » Et, au premier rendez-vous, naissent une connexion et une alchimie comme une évidence. Olivier de Larue Dargère propose à Mireille Darc de collaborer à son magazine.

« Nous avons réalisé une série de nues intitulée Un après-midi à Saint-Germain. Avec Mireille, il y avait une grande complicité. On se marrait tout le temps. Elle était drôle, lumineuse, spirituelle. » Cette collaboration et amitié se poursuit avec une exposition très médiatisée de ses clichés parus dans Soon chez Arturial. Puis, après le décès de Mireille Darc, par un livre Mireille Darc, à la vie, à l’amour, aux Éditions du Seuil. « On m’a demandé de m’occuper du montage, de la réalisation. Je l’ai fait en deux mois lors du premier confinement. »

Outre son talent de directeur artistique, Olivier de Larue Dargère a une autre corde à son arc, celle d’organiser des expositions en France et à l’international, notamment Georges Braque à Shen Zen en Chine, Laurent Saksik à la Galerie Scribe à Paris. Le fondateur de Soon, qui a beaucoup voyagé à travers le monde, qui a côtoyé le gotha parisien, l’univers du luxe, fait actuellement une pause ici, en Nouvelle-Calédonie où ses enfants vivent. Il s’imprègne de l’énergie du Caillou, fait des nouvelles rencontres. D’ailleurs à la question : quelle est sa plus belle rencontre ? Olivier de Larue Dargère répond : « la prochaine bien sûr ! » Mystère…

Votre définition du luxe

« Le luxe, c’est selon moi, la rareté, et ce qui est rare donne de la lumière. Je n’avais pas prévu d’évoluer dans le domaine du luxe. Alors, oui, on peut critiquer le fait que ce milieu de l’élite est snob mais il y a une ouverture d’esprit dans la création qui pousse les codes, un vent de liberté dans le luxe, la mode, dans l’art qui n’existe pas ailleurs. On peut échanger sur tout sans apriori. C’est fantastique de se sentir libre. »

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