L’artiste calédonien Franck Chan San s’est forgé dans les dédales d’une histoire riche en influences et en diversités. Parmi les artisans contemporains, Franck Chan San émerge tel un phare, illuminant les frontières entre l’illustration et les beaux-arts. Dans cette dernière interview, Franck (de son nom d’artiste Kiki du Mont Mou), formé tant dans les îles du Pacifique que sur les rives de Sydney) partage son voyage artistique, parsemé de découvertes et d’inspirations.
Dans le monde de l’art, il y a des noms qui transcendent les époques, des pionniers dont l’influence continue de guider les mains et les esprits des générations suivantes. Parmi eux, Alphonse Mucha, maître de l’Art Nouveau et de l’Art Déco, reste une figure emblématique dont l’impact résonne encore aujourd’hui. Pour le talentueux artiste calédonien, Franck Chan San, Mucha est bien plus qu’une simple référence artistique : « C’est un artiste qui a bercé mon enfance et mon adolescence avec son style art nouveau & art déco. Ses créations m’ont intéressé de part son rapport à la nature et son travail sur la morphologie féminine » partage Franck « Cependant, je n’ai pas le même rapport à la poésie aujourd’hui. Ce qui m’intéressait chez Mucha quand j’étais enfant, c’était la bande dessinée, et pour moi, Mucha représente tout ce qui est le début de l’impression et les aplats de couleur simplifiée. »
Plus tard l’artiste découvre Ernest Pignon-Ernest, qui lui a fait passer le cap entre illustration et beaux-arts : « Ce qui m’a intéressé chez lui, c’est que je pouvais m’identifier à un artiste contemporain. Il arrivait à parler de ce qui m’intéressait au niveau du dessin, et en même temps arrivait à faire ça en se fixant dans la scène contemporaine. »
La rencontre avec l’œuvre de Pignon-Ernest a été un moment de révélation pour Franck, un pont entre son propre cheminement artistique et les tendances contemporaines. « Dans les écoles d’art que j’ai faites, on mettait surtout en avant le concept et pas forcément le dessin ou le médium en lui-même. ». Dans ses créations, Franck explore le médium du fusain, plongeant dans les profondeurs de l’expression corporelle. Ses œuvres captivent par leur élégance brute, capturant l’essence même de l’émotion humaine à travers des lignes et des ombres.
Bien connu en Nouvelle-Calédonie, le Ma’a Tinito, à prononcer plutôt « maatineto », est un plat hybride originaire de Polynésie signifiant « manger chinois » en tahitien. Coquillettes, viande de porc, chou de chine, haricots rouges, soyo… : ses ingrédients sont un mélange improbable tout comme le métissage qui caractérise de nombreux néo-calédoniens aujourd’hui. Entre influences asiatiques et polynésiennes, l’artiste Kiki du Mont Mou mêle dessin, peinture, supports et techniques. Cette exposition révèle au travers de neuf tableaux, une célébration de son métissage et de son héritage culturel. Comme nous l’explique Franck : « Les techniques que j’ai utilisées sont surtout des éléments récupérés de mon enfance. Éléments que je ne comprenais pas forcément à l’époque, originaires de Tahiti ou de Chine qui faisaient partie du quotidien comme tout simplement un Bouddha posé sur l’étagère ou des déesses chinoises, objets que j’ai remis à mon goût du jour en les hybridant avec des images plus pacifiques. » Encre, bois, collage, papier peint, paréo… plusieurs textures se mélangent pour notre plus grand plaisir.
A travers son art, Franck Chan San défie les limites, fusionnant le conceptuel et le figuratif, naviguant habilement entre les écoles d’art et les courants contemporains. Son travail incarne une recherche constante de sens et de beauté, marquant ainsi son empreinte sur la scène artistique calédonienne et au-delà.
Retrouvez Franck Chan San, alias Kiki du Mont Mou, à l’Art Factory DATE A REDEFINIR pour son exposition Ma’a Tinito et tous les mardis soir à 18h30 pour son cours de dessin d’après modèle vivant.
